Le Safran est une épice très importante en Ayurveda et vaut vraiment la peine qu’on s’intéresse à lui. Il convient à tous les doshas, avec très peu de contre indications et a des qualités très précieuses! Son usage reste pourtant limité en France en raison de son coût. Je vous invite ici à découvrir cette petite fleur passionnante en commençant notre voyage par la Grèce.
L’histoire du Safran
Les premières traces de l’utilisation du safran ont été retrouvées aux alentours de 3000 avant JC dans les îles des Cyclades en Grèce et en Crête d’où il provient. Des peintures des civilisations minoennes représentent des femmes récoltant ces fleurs.
Dans le linéaire B, système d’écriture archaïque de la Grèce Antique (XVI e siècle av. JC) et consistant en un ensemble de symboles, le safran a son propre symbole, montrant l’importance qu’il pouvait alors avoir.
C’est avec Alexandre le Grand que le safran commence à être disséminé dans d’autres régions du monde et jusqu’en Inde. Il a ensuite été apporté en Espagne puis en France lors des conquêtes arabes.
Le mot « safran » vient de l’arabe puis du turc « zafran » qui signifie « couleur jaune ». En effet, on utilisait le safran comme pigment pour les peintures, la coloration des vêtements ou encore du corps et des cheveux mais aussi pour colorer les aliments. Car bien que sa couleur soit rouge, il donne une couleur jaune.
La fleur de safran et son “Or Rouge”
Il existe aujourd’hui 86 espèces de safran mais une seule est cultivée. Les autres espèces continuent de pousser de manière sauvage sur les îles des Cyclades (photo ci contre de safran sauvage à Amorgos).
Les différentes variétés de safran n’ont pas forcément la même puissance aromatique mais sont supposés avoir les mêmes propriétés.
La culture de Safran est encore aujourd’hui exigeante, ce qui explique son coût élevé. Chaque fleur de safran ne comprend en effet que 3 stigmates. Les fleurs seront donc d’abord cueillies, puis les stigmates extraits de chacune des fleurs avant de les faire sécher.
Le rendement est faible : 1Kg de safran = 150 000 fleurs. C’est dire si le safran porte bien son nom d’ or rouge.
La place du Safran au cours de l’Histoire
Dans les civilisations anciennes on pense que le safran était largement utilisé dans les rituels religieux en plus de servir comme pigment dans différents contextes (voir plus haut). C’est aussi pour soulager la digestion, pour réguler le système reproducteur féminin et comme aphrodisiaque que le safran intervient dans la Grèce Antique. Il est pour moi passionnant d’observer que l’Ayurveda lui reconnaît les mêmes propriétés (voir plus bas) ! Il semble aussi que le safran avait des qualités reconnues pour les problèmes au niveau des yeux et des testicules.
On sait par ailleurs que le safran a toujours été vu comme un produit précieux et il intervient dans de nombreux récits impliquant des personnages historiques, tel que Cléopâtre prenant un bain avec du safran.
On utilisait bien sûr le safran dans la cuisine (salé et sucré), pour ses qualités aromatiques mais aussi pour colorer les aliments. Aujourd’hui les habitants des cyclades récoltent toujours le safran pour la cuisine principalement. Ils récoltent également la partie souterraine du safran (le bulbe) et la consomment crue. Selon les espèces on dit qu’elle a un goût de châtaigne ou de noisette.
De nos jours, le safran est reconnu pour des usages anti thrombotiques, anticancéreux, pour aider le cerveau et la mémoire, combattre l’asthme et la fièvre.
Le Safran en Ayurveda
En Ayurveda, le safran est un des quelques produits tridoshiques, c’est à dire qui conviendra à tout le monde et avec peu de contre indications ! C’est une épice avec un effet nourrissant sur tous les tissus du corps et il va également permettre d’augmenter l’action d’autres plantes. Il peut donc être intéressant de le prendre en combinaison.
Le safran est bon pour tout le métabolisme en général et particulièrement peut être pour le système circulatoire.
C’est un puissant revitalisant du sang qui peut être utilisé en cas d’anémie par exemple.
De plus, il est très utile pour réguler un excès de Pitta, le foie et le pancréas.
C’est aussi une épice fondamentale pour les femmes. Il est régénérant de leur appareil reproducteur, aide à combattre les troubles menstruels et de la ménopause et sera également aphrodisiaque.
Enfin, sur le plan psychologique, le safran aide à combattre la dépression. Il est sattvique, donc rend la conscience plus claire et donne une énergie d’amour, de dévotion et de compassion. Cela en fait une épice intéressante pour les aspirants spirituels.
Pour profiter de ses qualités, on peut par exemple prendre 10 stigmates le matin dans du miel. Eventuellement, j’écrase un peu les stigmates pour qu’ils infusent mieux le miel.
J’espère que ce petit voyage dans l’histoire du safran vous donnera envie de le découvrir ou de le redécouvrir ! Sachez que vous pouvez utiliser le carthame en substitution du safran.Il est beaucoup moins coûteux mais les effets restent moins puissants.
Remerciements
Je remercie Thodoris du Parc Botanique d’Amorgos (Grèce) de m’avoir aidée à écrire cet article. La mise en perspective de l’histoire dans la Grèce Antique avec les usages recommandés du Safran en Ayurveda est passionnante pour moi. C’est un plaisir de découvrir que des populations si éloignées ont reconnu les mêmes propriétés et ont apporté tant de considération à cette même fleur.